Les demoiselles du Kbarré

De qui ?
mise en scène de Pauline Uzan.




De quoi ça parle ?
Trois demoiselles créent une revue burlesque, avec l'aide de leur homme à tout faire, qui n'aspire qu'à monter sur scène à leur côté.


Et alors ?


Le spectacle démarre un peu "comme un cheveu sur la soupe", mais va doucement puis sûrement monter en puissance.
C'est qu'elles sont attachantes, ces demoiselles ! On se laisse envoûter par leurs paillettes, leurs sourires et leurs courbes, tout au long du show.

C'est surtout leur potentiel de sympathie, leur authenticité et leur énergie qui enchantent l'audience, qui en redemande, peu à peu apprivoisée dans ce mélange d'interactions et de tableaux dansés esthétiques et amusants. Les tenues, le jeu de lumières, habillent de séduction les interprètes, qui n'ont pas besoin de plus pour nous embarquer.

L'homme de la troupe trouve sa place, jolie surprise lorsque son personnage prend suffisamment confiance pour un numéro chanté qui lance véritablement le spectacle.

Le final prend des allures de soirée dansante, et fait repartir chacun avec le sourire.


Pour qui ?


- Un enterrement de vie de jeune fille 
- Votre ami célibataire qui sera charmé sans aucun doute !

La lesbienne invisible

De qui ?
texte et mise en scène d'Ocean.



De quoi ça parle ?
Océanerosemarie a 15 ans, elle sort avec Thomas, mais celle vers qui elle se tourne en toutes circonstances, c'est sa meilleure amie, Juliette... Elle nous raconte, pas à pas, sa prise de conscience, ses premières histoires d'amour, la drague, les soirées, les réactions des amis, depuis son coming-out.


Et alors ?

L'auteure de ce texte, devenue auteur, a décidé de passer le flambeau à Marine Baousson pour reprendre et revisiter ce rôle : en ressort une certitude, celle de l'universalité du personnage de Océanerosemarie, jeune homosexuelle qui évolue d'un coming-out timide à une jeune femme amoureuse, épanouie et tournée vers l'avenir qu'elle souhaite plus égalitaire.

On sort du cadre de l'autobiographie, pour découvrir dans le récit et les anecdotes d'une lesbienne, le prisme de la société et ses réactions variées, clichées et amusantes. Marine Baousson incarne tous ces personnages d'amis, de parents, de conquêtes, avec un jeu nuancé et dynamique qui embarque le public dans l'aventure, sans temps mort.

La touche de fraîcheur qui fait la différence est le grand talent de la comédienne à interagir avec son public, lorsque quelqu'un interrompt la narration d'un fou rire ou d'une remarque.

On se sent pris d'un élan de tendresse fort autant pour le personnage que pour l'artiste en scène, ignorant où commence l'une et où finit l'autre, jusqu'à l'épilogue émouvant, qui prône avec humour un "happy ending" pour tous.


Pour qui ?

- Toutes vos copines, pour jouer à se retrouver parmi les personnages dépeints dans le texte
- Une ado qui se pose des questions.

Mademoiselle Molière

De qui ?
de Gérard Savoisien.




De quoi ça parle ?
Madeleine et Jean-Baptiste vivent leur idylle depuis près de 20 ans, à la scène comme à la vie en dirigeant leur troupe de théâtre, de tournées en province jusqu'à la cour du Roi. Alors que le succès frappe à la porte, que la jolie comédienne prend de l'âge et que la lassitude s'installe, son compagnon lui révèle qu'il est épris d'une autre. Bien sûr, cela change tout quand on s'appelle Molière, et la rivale Armande Béjart.

Et alors ?


J'avais beaucoup entendu parler de cette pièce, succès de la saison, et que j'avais manqué au Lucernaire.

Anne Bouvier interprète la Béjart, donnant la réplique à Christophe de Mareuil, Molière. Tout repose sur ce duo percutant, leur alchimie, la bulle de leur couple qui va peu à peu voler en éclat sous les yeux du spectateur.

La palette d'émotions qui jaillit de la scène m'atteint : on palpe l'incompréhension, la colère, le gouffre de tristesse dans lequel plonge Madeleine. Le tourment, le doute, l'égoïsme de Jean-Baptiste. Armande, quant à elle, est le troisième personnage, invisible, présentée uniquement en mots, et représentée par la silhouette d'un mannequin sur le côté du proscenium.
Le jeu, plus que le texte ou la mise en scène, nous touche, et tant de questions sont soulevées...

Les comédiens n'y répondront pas, laissant le public s'interroger longuement après la fin du spectacle.

L'inconstance de l'amour en est moins la thématique, que l'amertume d'une femme, qui a tout donné pour croire en son homme, le pousser, le bâtir, pour finir par le perdre face à sa plume, sa gloire et sa rivale, en la personne de sa propre fille.

La pièce lui rend grâce et justice, car sans Béjart, éventuellement, comment appellerions-nous la langue de Molière ?


Pour qui ?
- Les fans de fiction historique.
- Les amateurs de drame amoureux.

Boeing boeing

De qui ?
de Marc Camoletti.


De quoi ça parle ?
Bernard est un petit veinard, mais un veinard sournois : il alterne sa vie en tant que polygame, avec trois hôtesses de l'air aux plannings opposés par le décalage horaire. Chaque fille ignore l'existence des deux autres. Seuls Robert, l'ami de Bernard, et Berthe la bonne, sont dans la confidence, et l'aident au mieux pour couvrir ses arrières quand l'une des hôtesses ne peut finalement pas décoller...

Et alors ?


Boeing Boeing, ça n'est ni plus ni moins que la pièce française la plus jouée au monde, selon le livre des records. Paris, Londres, New York, le spectacle créé en 1960 par Marc Camoletti a fait le tour du monde. Une longévité qui s'explique notamment par l'atmosphère cocasse et intemporel de cette comédie de boulevard : les noms prennent un coup de vieux, on les change, la situation quant à elle reste rocambolesque et amusante !

La version qui fait son grand retour à Paris cette saison nous est proposée avec une mise en scène faussement simple, de Philippe Hersen. Tout y est en noir et blanc, du décor aux costumes, en passant par les accessoires et perruques, et nous plonge grâce à un prologue sur écran, au coeur des années 60. Le spectateur voyage dans le temps de suite, projeté dans la réalité de cet architecte beau-parleur et de ses trois conquêtes.

Le jeu est volontairement excessif, comme on imagine que la pièce devait être un peu à l'époque, notamment grâce aux personnages de Berthe et Robert (Véronique Demonge et Thierry Samitier), la bonne et l'ami, dont l'excès et les grimaces génèrent beaucoup de rires parmi le public.
Les hôtesses, toutes plus jolies les unes que les autres, font face à Franck Leboeuf dans le rôle de Bernard, qu'il incarne simplement et sobrement. Le sur-jeu général, le côté "too much", jusqu'aux maquillages (eux aussi en noir et blanc) permet à chacun de trouver sa place.

Quand on s'interroge sur la morale de l'histoire, à première vue si amorale, on discerne un second niveau de lecture. Notre personnage principal finira par trouver le véritable amour de sa vie, mais après avoir été largué et cocu à son tour. Malgré leur apparence naïve, ce sont finalement ces demoiselles qui vont décider de leur destin, et de celui de leur amant volage.

Le girl power des sixties, en quelque sorte.


Pour qui ?
- Parents et grands-parents vont se régaler 
- Votre pote un peu macho, qui sera ravi de voir jouer un champion du monde sur les planches, et de découvrir les trois comédiennes à son bras.

GOLDMEN


Souvent cité parmi les personnalités préférées des français, Jean-Jacques Goldman manque cruellement à la scène française. En effet l'artiste se fait rare sur scène, ayant renoncé à tourner, et même à sa présence dans la troupe des Enfoirés.

Chanteur, mais surtout auteur et compositeur unique, Goldman a créé des albums entiers de tubes, pendant près de 20 ans.
Le public se languit autant d'un nouvel album, que de la possibilité de réentendre ces chansons mythiques en live, et rêve en vain d'une tournée "Best Of"...


Et c'est là que le miracle s'accomplit, en la personne d'Alain Stevez, qui décide il y a quelques années de monter un groupe "tribute", baptisé avec sens et humour, les GOLDMEN.


Le 14 février dernier, Alain et ses musiciens réussissent l'incroyable pari de remplir l'Olympia, lors d'une soirée exceptionnelle où j'ai découvert la prouesse des Goldmen, mais aussi la voix bluffante de cet interprète : il ne donne pas l'impression d'imiter Goldman, mais d'en avoir naturellement le timbre reconnaissable entre tous.





C'est un enchaînement, une réjouissance pour les fans, avec une énergie qui parcourt la salle comble à chaque nouvelle intro : l'illusion est là, créée par cette voix magique, une volonté de ressembler aussi physiquement à l'idole, mais aussi par le talent des musiciens qui porte haut les mélodies, le rock, les ballades de Il suffira d'un signe à Bonne idée, en passant par Puisque tu pars et Je te donne.



Enthousiasmée par le show, et assez curieuse, j'ai eu la chance de m'entretenir avec Alain pour en savoir un peu plus sur les origines de ce projet fou.

"C'était l'idée d'un pote, m'avoue t'il. Je cherchais une idée de tribute, et je savais que ma voix était assez aigüe... Goldman, j'ai grandi avec ses chansons, alors quand mon pote a eu cette "bonne idée", comme dirait Jean-Jacques, je me suis dit que ce serait énorme. Je n'ai pas modifié ma voix, mais juste un peu ma façon de chanter, en envoyant plus d'air dans le nez, et selon les gens, ça ressemble pas mal".

Physiquement aussi, l'illusion fonctionne. "Au début, je mettais une perruque, puis j'ai laissé pousser mes cheveux. La ressemblance physique est importante pour les gens."

La question qui me brûle les lèvres, c'est de savoir ce que le principal intéressé en pense... "Il n'est jamais vu nous voir en live. Je l'ai rencontré une fois par hasard, à une soirée à la SACEM. Nous sommes entrés en même temps dans le bâtiment et j'en ai profité pour le remercier. Il a répondu qu'il n'y était pour rien !"


Nous évoquons un moment le talent immense de Jean-Jacques Goldman, et ses chansons "faussement simples", comme les pense Alain après avoir dû les écouter, les décortiquer, pour rendre leur réalité et leur force sur scène. "Jean-Jacques a su toucher toutes les générations". Et du coup, s'il ne devait choisir qu'une seule ?

"Je dirai bien S'il suffira d'un signe, parce qu'elle a des extrêmes, et en la chantant cela me permet de passer des barrières... Mais nous avons rajouté à notre liste Sache que je, et celle-ci me transporte".



C'est en effet un des plus moments de la setlist, lorsque les Goldmen, rejoints par un quatuor à cordes, interprète la puissante ballade. L'émotion est palpable également sur Comme toi, magnifiquement arrangée, ou encore Puisque tu pars où la batterie brille particulièrement.
Enfin, les chansons plus rocks plongent le public dans la fête, jusqu'à l'apogée : l'arrivée sur scène du grand Michael Jones pour reprendre Je te donne avec le tribute band.


Une superbe soirée, et pour ceux qui l'ont manquée, tout n'est pas perdu : les Goldmen sont en tournée dans toute la France durant 2019, et reviendront à l'Olympia le 10 janvier 2020.

Voir toutes les dates sur le site de GOLDMEN