Dépendance affective

De qui ?
de et avec Tristan Lopin.



















De quoi ça parle ?
La bonne pote de Tristan, Anne, ne se remet pas de sa récente rupture... Alors que lui, c'est bon, il est over Clément, son dernier ex, et prêt à rencontrer le grand amour !

Et alors ?
Tristan Lopin, c'est votre bonne copine qui vous écoute parler de vos problèmes de mec en mangeant du Nutella. C'est celui qui vous rejoint quand vous avez besoin de quelqu'un pour un marathon Love Actually/Dirty Dancing. C'est votre compagnon de dance floor quand retentit un tube de Britney.

Le comédien créé d'emblée une atmosphère ultra conviviale dans son show, par son accueil décomplexé et le rideau qui s'ouvre sur un décor minimaliste et cosy comme un studio parisien. Son autodérision est contagieuse, ses descriptions proches du quotidien des trentenaires dont il s'amuse et fait en même temps partie, autour du thème universel de la recherche du grand amour.

Beaucoup de sincérité, un soupçon d'humour noir, une pointe de grivoiserie, l'heure en sa compagnie passe sans s'en rendre compte.
Une dose de bonne humeur !

Pour qui ?
- En couple, ou avec votre meilleure amie fraîchement célibataire, tout le monde s'y retrouvera !

Hard

De qui ?
librement inspiré de la série de Cathy Verney.


De quoi ça parle ?
Sophie vient de perdre son mari. Un moment douloureux, d'autant plus qu'elle découvre du même coup que Monsieur ne subvenait pas aux besoins de sa famille grâce à une société de transport, mais parce qu'il était producteur de films pornographiques.

Et alors ?
Une comédie réjouissante !

Une thématique rare et bien traitée, où l'on parle grivoiserie sans tomber dans la vulgarité.
Une distribution enjouée, équilibrée et conséquente de neuf comédiens.
Des costumes superbes et accessoires rigolos et efficaces.
Un rythme soutenu et un fil narratif que l'on suit avec plaisir.
Un vocabulaire fleuri qui nous fait sourire, et éviter de croiser le regard faussement gêné de nos voisins de fauteuils.

On retiendra tout particulièrement les interventions de Stephan Wojtowicz, en réalisateur de films X fort de 30 ans de carrière, et Nicole Croisille, belle-mère aux moeurs légères, inattendue dans ce registre éroticocasse.


Pour qui ?
- En couple, entre amis, de 18 ans et plus !


Radieuse vermine

De qui ?
de Philip Ridley.


De quoi ça parle ?
Fleur et Olive vivent le parfait amour depuis leur rencontre. Ils sont mariés, ils attendent leur premier enfant... Leur seul souci, c'est l'appartement où ils vivent, dans un quartier mal fréquenté. Quelle aubaine, lorsqu'on leur annonce qu'un nouveau programme de restructuration va leur permettre de remporter une grande maison à rénover !


Et alors ?
Un décor tout blanc, et des protagonistes qui entament leur récit en cassant le quatrième mur, voilà une entrée en la matière atypique ! Il n'en faut pas moins pour se laisser happer dans cet univers sombre, où l'humour noir règne en maître.

Imaginez plutôt : notre petit couple, pour rénover sa maison de rêves, se voit en plus offrir le moyen d'obtenir une pièce à vivre sortie tout droit des pages d'Elle Déco, ou la cuisine magnifique qu'ils n'auraient jamais pu s'offrir aux Galeries Lafayette. Ils sont prêts à tout... Pas vous ?

Un conte, donc, une satyre de la société de consommation qui veut toujours plus, plus beau, plus cher, plus clinquant. Qui se lasse au bout de quelques jours, parce que la mode a changé, parce que les voisins ont mieux, par ennui ou par jeu. C'est embêtant, parce qu'en dehors de cette addiction, on l'aime bien, ce petit couple ! Lui (Louis Bernard) avec sa dégaine de premier de la classe prêt à tout pour la combler, elle (Joséphine Berry), ravissante et pétillante.

Tout repose sur le jeu des comédiens, qui ne ménagent par leur peine, notamment à l'approche de l'épilogue où ils interprètent tour à tour Fleur, Olive et tous leurs voisins à l'occasion d'un fête.
Le duo principal déborde d'énergie et l'insuffle à la pièce. J'ai été moins convaincue par la troisième interprète, non pas pour son talent, mais pour son intervention sous les traits d'un vagabond dans la pièce, qui bascule dans le "trop absurde" à ce moment.


Pour qui ?
- Les fans d'humour noir et anglais.


Fashion Freak Show

De qui ?
de Jean-Paul Gaultier.



De quoi ça parle ?
Une création du designer de mode français, sous la forme d'un spectacle de deux heures, retraçant les temps forts de sa vie : un rêve d'enfant qu'il réalise et partage sur la scène des Folies Bergère.


Et alors ?
Entre show musical et défilé, cette revue surprend autant qu'elle embarque dans son univers décalé et glamour.

De son ours en peluche Nana, à ses dernières extravagances, on suit et explore le passé, les pensées, d'un des plus grands créateurs de notre époque: les souvenirs, les moments marquants, les influences... L'amour de sa vie et sa quête de liberté et de beautés sous toutes ses formes.

Les corsets coniques et les marinières, le style rock made in UK, le genre plus glam des paillettes, tout se rencontre dans un spectacle dansé et chanté sous forme de tableaux.
Evidemment, les costumes dépassent l'imagination, nombreux, variés, vitrines de l'artiste que le monde connaît notamment pour son côté avant-gardiste et excentrique.

Le décor, de gigantesques écrans mouvants qui encadrent la scène, permettent jeux de lumière et projections comme le public a rarement l'occasion d'en voir : les éléments interagissent, se complètent, dans un esthétisme ultime et exacerbé.

Le temps file autour de ces tableaux, rythmés par une bande-son très 80's, des chorégraphies millimétrées et charnelles, et des vidéos auxquelles de nombreuses célébrités, amies du styliste, se sont prêtées.

Un spectacle unique, dans l'écrin des Folies Bergère.


Pour qui ?
- Les adeptes de mode, et ceux qui n'y connaissent rien.
- Ceux qui ont soif d'une gorgée de liberté et d'inspiration.
- En couple.

12 Hommes en colère

De qui ?
d'après Reginald Rose, adaptation de Francis Lombrail.


De quoi ça parle ?
Un groupe de jurés se réunit pour établir le verdict d'un procès pour meurtre. Il y a peu de suspens, car chacun semble convaincu de la culpabilité du jeune de 16 ans qui a assassiné son père. Mais au moment du vote "unanime", un homme pose le doute. S'ouvre un débat passionné entre les 12 protagonistes.


Et alors ?
Une pièce humaine, et captivante de bout en bout.

12 hommes, 12 comédiens, 12 voix justes qui s'élèvent pour donner leur avis, leurs points de vue, une simple remarque. On est d'abord un peu impressionné par cette distribution qui se dévoile, face à nous, sur toute la longueur de la scène de l'Hébertot : leurs costumes semblent les placer quelques décennies en arrière...

Mais si leurs tenues datent d'hier, leur discours est bien d'aujourd'hui. L'injustice, les préjugés, sont passés au crible, et le combat d'un homme devient celui d'un groupe pour empêcher la mort d'un innocent.

Le décor est très sobre, et la lumière subtile, nimbant juste ces personnalités pour mettre à l'honneur un texte et un jeu qui vous emporte, sans temps mort, durant 1h20.

Un succès mérité.


Pour qui ?
- Les amoureux de justice.
- Les amateurs de "pièces chorale".

Misery

De qui ?
d'après Stephen King.



De quoi ça parle ?
L'auteur Paul Sheldon a de la chance : alors qu'il vient d'avoir un terrible accident de voiture, sa fan numéro 1 lui sauve la vie et le ramène chez elle pour qu'il retrouve des forces. Jusqu'à ce qu'elle découvre que son écrivain préféré a écrit le dernier tome de son roman fétiche, Misery.


Et alors ?
Fan inconditionnelle de King, je me rue dès que possible sur les adaptations de ses oeuvres (pensée émue pour le musical tiré de Carrie...!).

Myriam Boyer est parfaite en Annie Wilkes, digne héritière de Kathy Bates pour ce personnage doucereux et inquiétant.

Sa maison, décor d'un huis-clos dérangeant entre les deux protagonistes, propose une scénographie sobre et astucieuse qui sert l'histoire : un jeu d'écrans invite au voyeurisme et à la promiscuité, comme la prison dans laquelle Paul Sheldon est devenu le pantin de sa plus grande admiratrice.

Ce duo s'affronte sur les thématiques présentes dans le livre original, la création littéraire et et le fanatisme. Et le nom du livre qui les unit, Misery, résonne comme un destin commun à ces deux êtres, chacun torturant l'autre comme il peut.

Un seul bémol, l'épilogue, qui tranche avec le ton de la pièce de manière trop brusque et nous laisse... sur notre fin.


Pour qui ?
- Ceux qui méconnaissent Stephen King, pour cette entrée en matière troublante.
- Ses fans ne manqueront pas cette adaptation et cette nouvelle Annie pleine de justesse

Mec !

De qui ?
textes d'Allain Leprest.



De quoi ça parle ?
Poésie, concert, slam peut-être ? Une lecture de quelques textes du regretté Allain Leprest, par Philippe Torreton.


Et alors ?
C'est un moment de poésie sans chichis, un concert sans mélodie, une parenthèse en souvenir d'un des plus grands paroliers français.

Philippe Torreton, accompagné d'Aristide Rosier au clavier, et Richard Kolinka aux percussions, revisite des chansons narrées comme des poèmes.

Les mots d'Allain Leprest, qui nous a quitté il y a sept ans, bouleversent, transpercent, sonnent juste, génèrent les sourires et les larmes.
L'interprétation intense du comédien nous les fait entendre et écouter, habillés sans excès par un fond musical qui leur sied à merveille.
Le talent des quatre artistes, ces deux musiciens, ce comédien et cet auteur réunis, parcourt la salle silencieuse d'un frisson unanime.

On nous raconte l'amour, la peine, la mort, la mer, avec cette plume quelque part entre Hugo et Renaud, des tournures de phrases que l'on voudrait retenir du premier coup par cœur,

Le décor pourrait être vide, noir, mais le trio emprunte ici le salon du spectacle Le Prénom, qui se joue également au Théâtre Edouard VII, et ajoute un côté convivial et intimiste à la performance.


Un très bel hommage à un artiste injustement méconnu, à découvrir rapidement : les représentations sont prévues jusqu'au 21 octobre.


Pour qui ?
- Les amateurs de poésie ou de slam
- Les étudiants en lettres ou en musique

L'ordre des choses

De qui ?
pièce de Marc Fayet, mise en scène de Richard Berry.




















De quoi ça parle ?
La différence d'âge n'a jamais empêché les Hubert de s'aimer... mais leur couple est mis à mal quand débarque Thomas, qui prétend être le fils de Bernard et qui a l'âge de Juliette !

Et alors ?
Une thématique amusante, un divertissement sans prétention, voilà le programme annoncé et le contrat est rempli.

Les scènes, découpées de façon très théâtrales, invitent le spectateur dans une situation improbable et les quiproquos propres au théâtre de boulevard.

On sourit du texte, mais c'est l'interprétation qui, surtout, fait son petit effet : Pascale Louange, la ravissante jeune épouse qui ne se laissera pas marcher sur les pieds, Vincent Desagnat en élément perturbateur, font face à Gérard Darmon, brillant dans ce rôle de mari plain de tendresse et de mauvais foi.

On remarquera une bande-son très rock, et un décor sublime et massif, réalisation de Philippe Chiffre, fourmillant de détails pour un loft tendance où l'on aimerait bien habiter.

Un bon moment.


Pour qui ?
- En couple, avec ou sans différence d'âge


Pourvu qu'il soit heureux

De qui ?
de Laurent Ruquier.


De quoi ça parle ?
Un couple en vacances découvre, à la Une d'un magazine people, l'homosexualité de leur fils unique.

Et alors ?


Une comédie de moeurs qui s'attache à dénoncer l'homophobie et les clichés qui en découlent.
Francis Huster, en père de famille choqué, donne la réplique à Fanny Cottençon, épouse coquette et sensible.
Tous deux s'interrogent sur leur implication dans l'orientation de leur grand garçon, ce qu'ils ont fait ou négligé durant son enfance, et comment réagir face à cette découverte.

Dans un décor soigné et détaillé, la pièce se déroule en 3 actes.
Les deux premiers tendant à développer la réaction du père puis de la mère, avec enfin la confrontation avec l'intéressé, qui exposera avec une belle assurance sa vision des choses et son combat contre les idées reçues et l'intolérance.

On rit, de cette grivoiserie qui parvient à ne pas tomber dans la vulgarité.
Les répliques amusent, tout comme la situation, avec cependant un manque de fond et d'épilogue sur un sujet qui mériterait peut-être un peu plus de profondeur et moins de clichés.

On gardera de ce moment de la bonne humeur, et une excellente impression sur Louis Le Barazer, le comédien incarnant le fils, au jeu et au physique séduisants.


Pour qui ?
- En famille !


Plaidoiries

De qui ?
une mise en scène d'Eric Theobald.


De quoi ça parle ?
Cinq plaidoiries, cinq avocats, cinq cas qui ont marqué l'Histoire de notre pays sur tous les plans.

Et alors ?
Une interprétation magistrale de Richard Berry, sur ces textes qui dépassent le cadre juridique duquel ils émanent.

L'écriture de ces plaidoiries nous transperce, qu'elles datent d'il y a 10 ou 40 ans, tout autant que les verdicts que la mise en scène fait apparaître sur un écran géant en fond de scène. Sentences que le recul nous rend encore plus amères.

La justice, l'injustice, des destins tragiques, voilà de quoi il est question dans ces cinq moments de vérité : avortement, infanticide, non assistance à personnes à danger, crime contre l'humanité, peine de mort.
Sur le bord de notre siège nous assistons à la métamorphose et à la performance d'un comédien, incarnant avec une classe incomparable, ces hommes de droit.

Berry disparaît sous ces discours poignants : sa voix change, sa posture, son intensité, et enfin lorsqu'il défend le droit à l'avortement, on le voit femme... Une leçon de théâtre.


Pour qui ?
- Les passionnés d'affaires judiciaires
- Les aspirants comédiens
- En solo, c'est encore mieux.