Kean

De qui ?
Alexandre Dumas, mise en scène d'Alain Sachs.



De quoi ça parle ?
Dans le Londres de 1830, on ne parle que de l'acteur Edmond Kean, grandiose tous les soirs dans les chefs d'oeuvre de Shakespeare. D'ailleurs, les nobles femmes se pâment dans leurs loges, mais est-ce pour le comédien ou pour l'homme ? Iraient-elles jusqu'à se déshonorer pour lui plaire ?


Et alors ?
Une fort belle adaptation, enjouée, classique sans être désuète.

Dans un décor modulable et des costumes sophistiqués absolument superbes, les comédiens nous entraînent dans le temps, dans une Angleterre aux mœurs différentes, notamment en ce qui concerne l'honneur, le devoir, et surtout la position des femmes.

Justine Thibaudat (nommée aux Molières en révélation féminine pour ce rôle) incarne avec grâce Anna Damby, fausse ingénue, véritablement ingénieuse, éprise du théâtre autant que de Kean.
Elle s'impose comme moderne et émancipée face à sa rivale, la Comtesse de Koefeld, que les manières précieuses et la superficialité ancrent une ère dépassée.

C'est aussi une ode à l'acteur, à sa responsabilité d'artiste et à la facette cachée de sa vie d'homme, alors qu'on découvre en Kean un être désabusé et ivre, endetté, coureur de jupons, victime du "star système" du 19ème siècle.
Dumas s'inspira d'ailleurs de faits réels, le véritable Edmond Kean étant à l'époque la coqueluche européenne des planches, tout autant qu'un alcoolique notoire vivant au dessus de ses moyens.


La force de cette pièce est d'aborder cet aspect historique et ces thématiques avec un ton léger, souvent amusé, et avec beaucoup de rythme.

Deux heures divertissantes qu'on ne voit pas passer.


Pour qui ?

- Les amateurs de fiction historique
- Les fans de classiques revisités


Belles de nuit

De qui ?
de Jonathan Kerr.



De quoi ça parle ?
Un narrateur/accordéoniste nous entraîne dans l'univers nocturne et obscur d'une maison close parisienne en 1946. La tenancière, stricte mais pleine de tendresse envers ses trois travailleuses, vient d'apprendre qu'un arrêté les contraint à fermer l'établissement. Au même moment, un homme mystérieux surgit de son passé.


Et alors ?
Un sujet intéressant, traité avec goût, et une partition soignée, interprétée en live par des chanteurs/comédiens/musiciens.

Un peu dommage cependant pour le livret, les textes paraissant moins travaillés que la musique, et les dialogues menant à un scénario cousu de fil blanc.


La mise en scène, toute en sobriété, allie un jeu de lumières efficace, et 3 grandes boîtes vitrées, que l'on transforme en un instant en estrade, en loge, en vitrine.

On appréciera particulièrement ici la polyvalence des artistes et leurs timbres de voix originaux (on retrouve par exemple la très jolie Roxane Le Texier, vue dans 1789 les amants de la Bastille).
Les thématiques abordées sont variées : la condition des filles et leur vision de leur métier, les abus sexuels, l'amour, dans un contexte historique subtilement représenté.




Pour qui ?

- Les adeptes de musical épuré et vocal


The New York Comedy Night

Mes lecteurs le savent, je suis particulièrement friande de plateaux d'humoristes, et celui que j'ai découvert un peu par hasard cette semaine m'a enthousiasmé !

Mais qu'est-ce que le NEW YORK COMEDY NIGHT ?
Comme son nom le suggère... Du stand-up, mais en anglais !




Sebastian Marx (que j'avais adoré lors de son spectacle à la Nouvelle Seine) est à l'initiative de ce projet sympa sur lequel ils invitent ses condisciples venus des Etats-Unis, du Canada, et d'ailleurs. Belle surprise hier soir avec notamment le canadien Sugar Sammy pour conclure le set en beauté.

Un plateau hétéroclite, à l'image du public qui compte quelques expats, des touristes, mais aussi des parisiens amoureux de la langue de Shakespeare.

L'espace d'un instant, on pourrait se croire dans un comedy club de Manhattan, dans une atmosphère aussi intimiste que conviviale.

La salle, écrin secret dissimulé dans les couloirs du mythique Olympia, complète l'expérience par son côté insolite.

Un rendez-vous mensuel, où les artistes changent à chaque fois.

"Vraiment pas mal", et même plus que ça, vous pouvez d'ores et déjà booker vos places pour les séances à venir (20 juin et 11 juillet) avant une petite pause estivale !


Réservez par ici


Mentir is not good

De qui ?
de Vincent Piguet.


De quoi ça parle ?
Max, comédien, est brouillé avec son père depuis 15 ans. Que dirait son papa d'ailleurs, en apprenant qu'il est nommé aux Molières ? Et si Yvou, son meilleur ami, allait se faire passer pour le nouvel auxiliaire de vie à domicile du père, pour connaître son opinion ? Pendant ce temps, et en échange de bons procédés, Max écrira la comédie musicale qu'Yvou rêve de jouer sur la scène du Palais des Glaces, où il donnera la réplique à sa copine, Marie.


Et alors ?
Très belle surprise avec cette comédie "presque" musicale, comme l'ont appelé les deux compères à qui l'on doit cette pépite.

Véritable festival du calembour et de la parodie, le spectacle est un enchaînement de jeux de mots douteux, de situations cocasses, donc le rythme monte en puissance à chaque scène.

Les parodies, qui deviennent un fil rouge qui nous tient en suspens durant la pièce, sont tout à fait savoureuses. Imaginez un peu... L'action se passera d'un zoo, avec une chanson d'ouverture toute trouvée : "Il suffira d'un cygne" ! Ce n'est ici qu'un exemple des nombreux tubes que vous réserve le duo.

Car rien n'arrête Max ni Yvou, amis à la scène certes, mais dont la complicité transparait jusque dans les interprètes.

Vincent Piguet écrit ici, entre deux scènes loufoques, un joli plaidoyer sur la vérité, l'urgence de la déclarer tant qu'il est temps, et nous amène du rire à l'émotion sans prévenir.

Patrick Chanfray (tout à fait charmant d'ailleurs), alterne les mimiques et les bourdes, avec des allures de grand rêveur faussement ingénu.


Un moment de plaisir qui passe trop vite !

Pour qui ?

- En famille tout particulièrement (avec de grands ados... ou avec vos parents)
- En couple aussi !
- Les fans de comédie musicale décalée !