Les vibrants

De qui ?

Aïda Asgharzadeh, mise en scène de Quentin Defalt.







De quoi ça parle ?
Pendant la guerre de 14-18, Eugène reçoit un éclat d'obus au visage. Défiguré, il se retrouve dans un centre hospitalier accueillant d'autres "gueules cassées", et entre chirurgie réparatrice et théâtre, reprend peu à peu goût à la vie. Retenu pour le rôle de Cyrano de Bergerac, il s'apprête à fouler les planches avec son ancienne compagne, rêvant de la reconquérir. 

Et alors ?
Une atmosphère feutrée, un bond dans le temps, des thématiques originales, c'est ce que vous proposent "les Vibrants".

Un décor fait de draps et d'ampoules, des masques pour représenter de manière visible les blessures des soldats, des costumes subtilement tâchés de sang... La guerre se voit, se comprend, dépeinte avec finesse, avec un côté esthétique à la fois habile et crue. 
La lumière aide beaucoup, jouant avec les silhouettes des protagonistes, ou avec l'effet de flou procuré par les draps qui séparent la scène en plusieurs espaces de jeu. Le son aussi, avec une musique et des bruitages qui viennent parfaire les scènes, ajoutant une jolie touche d'émotion.

J'aurai aimé retrouvé cette subtilité dans le jeu, mais surtout dans l'histoire et son déroulement. L'idée d'un parallèle entre la laideur de Cyrano, et le handicap physique vécu par le soldat, est bouleversante et fonctionne, mais est traitée ici un peu comme du "semi Alexis Michalik". 


Pour qui ?
- Les passionés d'histoire et de fictions historiques.


Goguettes en trio mais à quatre

De qui ?
mise en scène de Yéshé Henneguelle.


De quoi ça parle ?
Un trio accompagné d'une pianiste, ça donne un trio à quatre. Celui-ci propose un tour de chant comico-politique, ou goguette, autour de l'actualité ou d'évènements récents dans notre pays.


Et alors ?
Une salle pleine un mardi soir, ça fait plaisir... Et c'est mérité.

"Goguettes en trio mais à quatre", ce sont 75 minutes de chansons, de bons mots, d'humour. Le récital n'oublie personne, parmi les figures politiques : présidents, ministres, candidats..., avec des parodies aux textes ciselés, incisifs et élégants.

Musicalement, on se régale aussi, avec les voix de ces quatre artistes talentueux, et des orchestrations variées.
Pas de temps mort, on déguste jusqu'au rappel.


Pour qui ?
- De droite comme de gauche, et avec votre ami "bobo".

Kid Manoir

De qui ?
de David Rozen.



De quoi ça parle ?
Dans le manoir des Trouillet, Malicia la dernière héritière de cette famille de puissants sorciers organise un grand jeu pour départager 4 candidats : le gagnant verra son rêve s'accomplir ! Mais la demeure est hantée par les esprits des Trouillet qui ne trouvent pas le repos suite à une malheureuse histoire de potion.


Et alors ?
Une comédie musicale pour enfants, tout à fait sympathique et efficace.

Le décor, habillé d'un solide jeu d'éclairage et de fumée, plonge tout de suite dans l'atmosphère souhaitée. Les enfants du public sont tout de suite transportés et pris par l'ambiance, très interactive.
Le petit plus, une ribambelle de personnages se suivent d'un tableau à l'autre, en plus des personnages principaux, rendant l'ensemble très vivant. C'est une succession de costumes, de maquillages, pas le temps de s'ennuyer !

Les chansons sont pleines d'autodérision, faciles à entonner pour le jeune public présent.

Le bémol : les orchestrations un peu vieillotes, et le fil conducteur que l'on perd un peu sur une histoire un peu décousue.


Pour qui ?
- A partir de 5/6 ans, jusqu'au pré-ados !

Duels à Davidetjonatown

De qui ?
d'Artus.




De quoi ça parle ?
En 1895, dans la petite ville de Davidéjonatown, un duel entre 4 volontaires va être organisé pour trouver le successeur du shérif, qui vient de mourir. Billy, l'éleveur de cochons, est inscrit à son insu par la jolie Jane, dont il est épris depuis des années. 

Et alors ?
Une excellente surprise !

Je ne connaissais pas du tout Artus et son univers décalé, et c'est surtout le titre qui m'a attiré jusqu'au Palais des Glaces pour ce spectacle.

Il y a notamment dans l'écriture quelque chose de très construit, un mélange de plusieurs formes d'humour qui se juxtaposent et cohabitent pour plaire même aux plus sceptiques : du premier au millième degré, du visuel au jeu de mot, clins d'oeil, références, anachronismes, il y en a pour tous les goûts. Il y a certes, tout au long de cette aventure, des moments de grivoiserie, une once de mots vulgaires, mais immédiatement contre-balancés, avec rythme et équilibre, par un nouvel effet comique. Le tout en ne négligeant pas un arc narratif original, des personnages hauts en couleur tenus par une distribution réjouissante, dans un décor particulièrement soigné et changeant.

La fan de musicals que je suis a trouvé tout à fait jubilatoire l'ajout de scènes musicales, dans le même esprit kitsch et excentrique.

Enfin, la mise en scène nous révèle en Artus un talent complet, une vision d'ensemble de son spectacle avec des codes revus et corrigés, modernisés, et beaucoup d'auto-dérision.

Un sans faute, 90 minutes de divertissement qui font un bien fou.

Pour qui ?
- Une soirée parfaite entre amis !


Chambre 113

De qui ?
de Claire-Marie Systchenko et Eric Bongrand.




De quoi ça parle ?
Julien est appelé en urgence à l'hôpital où il apprend la terrible nouvelle : sa femme a eu un accident et se trouve dans le coma.

Et alors ?
Une idée originale, des thèmes peu abordés au théâtre (et moins encore en comédie musicale), et surtout, une dimension surnaturelle avec le personnage de Mathilde, la femme dans le coma, qui est dédoublée et invisible pour les autres protagonistes, afin que le spectateur puisse suivre le cheminement de ses pensées.
Le ton, malgré le pitch un peu tragique, est tourné vers l'humour, notamment l'équipe médicale dont les chansons et tableaux rafraîchissent l'atmosphère, face à l'épreuve du mari et sa femme fantomisée.

On notera aussi la présence de musiciens en live, toujours un énorme bonus pour un musical.

Cependant, je ne suis pas pleinement rentrée dans le spectacle : que ce soit au niveau de l'histoire, de la distribution, ou des chansons en elles-mêmes... Je l'avoue, il y avait quelque chose d'un peu trop lisse à mon goût.


Pour qui ?
- Plutôt en couple.



Un village en 3 dés - Fred Pellerin

De qui ?
de Fred Pellerin.



De quoi ça parle ?
Plongez vous dans l'histoire de la création du village de Saint-Elie-en-Caxton, bourgade perdue d'une poignée d'habitants et de 101 vaches, quelque part au Canada.


Et alors ?
Je n'avais encore jamais vu de spectacle de Fred Pellerin. A en juger par l'ambiance dans la salle lors de cette première, et de l'ovation du public lorsque l'artiste blond fait son entrée sur scène, j'étais probablement la seule ce soir-là, à ne pas savoir à quoi m'attendre.

Fred Pellerin est un ovni : auteur, conteur, narrateur, à la voix douce et à l'accent indubitable. 
Je pourrais vous parler de l'aisance avec laquelle il vous faire rentrer dans l'histoire, univers loufouque mais savamment structuré où la question de la fiction et de la réalité ne se pose plus. 
Je pourrais rebondir sur ces bons mots, qu'il sert à foison, au détour de chaque phrase, mots parfois teintés de poésie, parfois d'un humour fin et savoureux. 
Je pourrais relater le charisme d'un homme qui remplit la large scène de sa présence, son naturel, un éclat de rire occasionnel qui le rend soudainement encore plus attachant. 
Je pourrais, enfin, m'attarder sur son talent de chanteur, de parolier, lorsqu'il ponctue son récit d'une ballade, d'un instant de magie.


Mais au lieu de vous dire, tout cela, je vous conseillerais simplement de ne pas râter le passage de ce canadien dans nos contrées. 
Il serait dommage que vous manquiez l'occasion de tomber si soudainement en amour avec cet artiste.  


Pour qui ?
- En famille, entre amis, en couple, même en solo : à voir, c'est tout.









Ceci n'est pas une comédie romantique

De qui ?
de Yanik Vabre, mise en scène d'Eric Le Roch.


De quoi ça parle ?
Chris est seul chez lui, après une énième dispute avec sa petite amie qui ne lui convient plus depuis des lustres. Camille, sa meilleure amie, est d'accord pour venir lui rendre visite, malgré les mois de silence depuis leur dernière entrevue. Ensemble, les deux amis d'enfance vont résoudre leurs différends, à grands renforts de musique rock et de mauvais vin rouge.



Et alors ?
Une bonne petite comédie comme on aimerait en voir plus souvent.

Dans l'appartement, fonctionnel et efficace de Chris, l'histoire se déroule, et si elle est cousue de fils gris, marche de bout en bout. Les situations parviennent à nous surprendre, pas dans leur déroulé, mais dans des “petits trucs” qui nous les rendent réalistes, amusantes : des répliques et des personnages qui nous ressemblent, voilà toute la différence.

On croit au côté fleur bleue de cet éternel adolescent déçu par ses choix de vie, autant qu'à celui de la trentenaire dynamique qui consomme ses amants comme des kleenex jusqu'à trouver le bon. On croit tout autant, au fur et à mesure de l'action, aux carapaces qui se craquèlent et nuancent ces deux personnages.


Le duo de comédiens, Yanik Vabre et Géraldine Adams, en plus de donner vie aux protagonistes, a également signé, respectivement, l'un la pièce, l'autre les chansons. Un partenariat réussi !


Pour qui ?
- Un moment idéal entre copines.










Inauguration du 13ème Art


Fin septembre, avait lieu l'inauguration d'un nouveau lieu culturel parisien, et pas des moindres.

Au coeur du centre commercial Italie 2, remplaçant l'ancienne salle Gaumont, le 13ème Art propose deux salles de spectacle; une de 130 places, et une de 900.

L'ouverture s'est faite en grandes pompes avec deux soirées exceptionnelles :

-un concert réunissant l'Orchestre Philarmonique de Prague et Gérard Depardieu, narrateur exceptionnel pour le Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns.



-un plateau d'artistes orchestré par Juste Pour Rire, parmi lesquels l'imitateur Olivier Laurent, et l'hilarant Romain Frayssinet, qui seront tous deux en représentations au 13ème Art (respectivement en octobre et novembre cette année).


L'accueil, le confort, la situation de ce théâtre laissent à penser qu'il deviendra rapidement un haut lieu de divertissement de la capitale, mais c'est aussi les services proposés en plus qui feront la différence : parking gratuit, restaurants à proximité, ainsi que la mise en place prochaine d'un service de voiturier et de babysitting...


La programmation est elle aussi alléchante, autant qu'ecclectique :  Arturo Braccheti, Anne Sylvestre, le dernier spectacle musical de Catherine Lara, ou encore Slava's Snowshow.