Les fantômes de la rue Papillon


De qui ?
de Dominique Coubes.




De quoi ça parle ?
Le fantôme d'un juif tué au milieu de la rue Papillon hante depuis 1942 le banc en face de son ancien immeuble. 75 ans plus tard, un jeune maghrébin est assassiné à son tour, au même endroit. Les deux spectres vont alors comparer et raconter leurs époques.

Et alors ?
Malgré quelques petites incohérences narratives de -ci, de là, on peut reconnaître une chose à cette pièce : une belle originalité ! L'histoire nous happe, empreinte de fraîcheur, et prétexte à l'exposition du passé comme du présent, avec des réflexions sur les deux époques. Quelques clichés, bien sûr, mais aussi beaucoup de vérités...

Le personnage de Joseph, enfermé par son état de fantôme, ne peut hanter que les quelques mètres carrés qui jouxtent l'entrée de son ancien immeuble. Il voit passer, depuis trois quarts de siècle, les gens sans pouvoir les entendre ou interagir avec eux. C'est donc auprès de ce jeune des cités qu'il va devoir demander des réponses : sait-il où s'est volatilisée sa famille, emmenée par la gestapo en juillet 42, et qui n'a jamais reparu ?

Comme un conte des temps modernes, la rencontre de ces deux protagonistes va générer de l'humour, de la tendresse, de l'émotion.
La mise en scène, comme le jeu des comédiens, est sobre : un banc, un réverbère, et la présence fictive de "murs" qui bloque les défunts dans cette réalité alternative d'où nous suivons leurs entretiens.
Seule l'évocation du génocide tranche avec le reste du spectacle : des projections saisissantes emplissent la scène, plongeant la salle dans le silence et le recueillement.


Pour qui ?
- En famille, avec des jeunes.
- Les croyants de tous horizons.











C'est encore mieux l'après-midi


De qui ?
de Ray Cooney, adapté par Jean Poiret.



De quoi ça parle ?
Quand un homme politique souhaite s'organiser un après-midi coquin avec la secrétaire d'un de ses collègues, la présence de sa femme peut s'avérer gênante. Heureusement pour le député Machalier, son assistant est là pour arranger cette petite affaire, dans la plus grande discrétion.

Et alors ?
Une des pièces que j'attendais le plus cette saison, avec la présence de Sébastien Castro qui est désormais un gage de qualité à tous les coups.

Cette comédie, pourtant quelque peu datée, paraît tout à fait d'actualité, alliant un décor moderne d'hôtel haut de gamme, à l'aide de panneaux coulissants assez astucieux, à des répliques irrésistibles qui font mouche. Le texte réussit à maintenir tout du long des thématiques grivoises sans jamais tomber dans la vulgarité.
La mise en scène est précise, chorégraphiée, à grands renforts de portes qui claquent, ou s'ouvrent sur le mauvais protagoniste, pour le plus grand plaisir de l'assistance qui suit sans en perdre une miette les frasques des personnages volages.

Si toute la distribution est sympathique, c'est bien M. Castro qui sort du lot, maître des mimiques embarrassées qui soulignent le quiproquo à la perfection.
Ce sont 90 minutes qui passent en un long éclat de rire.

Pour qui ?
- Entre amis autant qu'en couple !
- Les amateurs de vaudeville, sans l'ombre d'un doute.












Priscilla, folle du désert


De qui ?
mise en scène de Philippe Hersen.



De quoi ça parle ?
Dick travaille dans un club transformiste de Sydney, où il est la vedette. Jusqu'au jour où son passé le ratrappe, d'un coup de fil : sa femme et son fils de 7 ans, qui vivent au fin fond du désert australien, le réclament. Voilà Dick et deux collègues embarqués dans un road trip festif...

Et alors ?
C'est avec une vague indifférence mais surtout pas la moindre idée de ce j'allais voir que j'ai abordé ce spectacle (le film ne m'a jamais vraiment tenté).

La découverte fut fort agréable ! Ce show semble avoir été monter par des maîtres dans l'art du kitsch. Ici le mot d'ordre semble être "Plus y a de paillettes, plus c'est chouette", adage auquel je me sens moi-même particulièrement attachée. On en prend littéralement plein les yeux, avec des costumes absolument grandioses, et par dizaines car ils changent quasiment à chaque scène. La star du show, c'est évidemment la fameuse Priscilla... que je laisse les novices découvrir par eux-mêmes, je m'en voudrais de gâcher la surprise.

Les tableaux s'enchaînent, sans répit, festival de rythme et de couleurs... L'histoire en parait presque secondaire, même si elle permet régulièrement d'aborder le thème de la tolérance, avec humour ou émotion.

Côté bande-son, c'est une accumulation de tubes, revisités par un trio de divas aux voix chaleureuses. Les personnages poussent aussi la chansonnette, plutôt bien : j'ai un faible pour le timbre grave de David Alexis (vu dans Le bal des vampires ou encore Oliver Twist).

En bref, un excellent moment, que je recommande, cependant pour un public averti : la grivoiserie venant ponctuer ce show impose d'y emmener des esprits ouverts.

Pour qui ?
- A voir entre copines pour une soirée débridée !
- Les fans de transformisme.












Saturday Night Fever


De qui ?
mise en scène de Stéphane Jarny.




De quoi ça parle ?
La vie banale de Tony n'est rythmée que par ses sorties hebdomadaires avec sa bande de copains au Nightclub local, jusqu'au jour où il va y croiser la jolie Stéphanie. Ensemble, ils vont faire équipe pour devenir les meilleurs du dancefloor.


Et alors ?

Après un showcase prometteur il y a quelques mois, j'étais curieuse de découvrir l'adaptation Live de ce film mythique.
J'avais un souvenir assez précis du film malgré les années, mais pas forcément un souvenir positif : histoire assez banale, en somme, et surtout portée par le charisme de Travolta.

La version "spectacle" prend le parti, immédiatement, d'un recul assez brusque avec un narrateur/DJ qui intervient dans le récit, en cassant le quatrième mur entre chaque scène. Un résultat assez perturbant, du coup, mais qui a l'avantage de permettre d'atténuer certains passages un peu sombres ou violents du film, et de créer des interactions avec le public.

C'est un "Saturday Night Fever" plus décousu, mais plus festif, prétexte à des tableaux de danse finement élaborés. L'accent est habilement mis sur les chorégraphies, avec un jeu de lumières remarquable, et tant mieux, car entre deux pirouettes, les dialogues restent creux.
Les deux vedettes mettent leurs atouts en valeur : Fauve Hautot redouble de grâce et de dynamisme, quant à Nicolas Archambault, il évoque plus Zac Efron que John Travolta.
Mention spéciale à Fanny Fourquez, qui nous offre une belle surprise vocale et un moment musical toute en émotion, dans le rôle d'Annette, l'amoureuse éconduite.

Un trio de chanteurs intervient tout au long du show (avec une bande-son, ce qui est un peu dommage) et des arrangements efficaces. Les décors allient des effets ingénieux, à des projections vidéos superflues.

Au final, le but avoué est de tendre vers le Grand Spectacle, avec une dimension familiale. Le pari est réussi. Le show, un peu moins.


Pour qui ?
- Les férus de chorégraphies pêchues.
- Un must entre copines.














Kiki, le Montparnasse des Années Folles


De qui ?
d'Hervé Devolder.













De quoi ça parle ?
Comment Alice, enfant issue d'un milieu pauvre et provincial, devint à force de persévérance et de bonne humeur, l'égérie des plus grands peintres et de la scène parisienne durant les années folles.


Et alors ?

Le thème ne me disait rien, mais l'affiche aux couleurs chattoyantes et la mention d'une nomination aux Molières m'ont conduit à découvrir ce duo musical.
Milena Marinelli, accompagnée au piano de l'auteur Hervé Devolder, retrace en 1h15 ce biopic, concentré des premières années de vie de Kiki de Montparnasse.

Le décor est d'une grande sobriété : un bar, une petite table, un rideau sur lequel seront projetés les tableaux, les photos, les noms des artistes qui ont fait le quotidien de la vedette des années folles.

C'est donc sur les épaules de cette bien jolie comédienne que tout repose. Excellente narratrice, mais aussi chanteuse à la tessiture impressionnante, elle mène ce plongeon dans le passé avec brio.
Le récit est rythmé, sans temps mort, ponctué de mélodies variées.
Une page d'histoire en chansons, et un moment bien agréable à partager.


Pour qui ?
- Les amateurs d'Histoire et d'anecdotes croustillantes.
- Une bonne idée avec des jeunes (ados).